Antiquité
Avant la colonisation romaine, la région est une plaine partiellement occupée par des marais où vivent deux tribus gauloises, les Ambiani (d’Amiens) et les Veromandui (de Vermand) au Nord du territoire peuplé par les Bellovaques (de Beauvais).
Les Romains aménagent, depuis Amiens et en direction de Saint-Quentin, une voie romaine, rectiligne (assez à l’écart au Sud et sur la rive gauche de la Somme, jusqu’au niveau de Péronne).
En 451, les Huns d’Attila envahissent la Gaule romaine.
Moyen Âge
Après 500, l’invasion des Francs et la conversion de Clovis au christianisme, son fils Clotaire, époux vers 538 de Radegonde, princesse de Thuringe, offre à celle-ci une résidence à Athies, à une dizaine de kilomètres de Péronne, ville où est enseveli saint Fursy, moine irlandais venu évangéliser la région4.
En 929, le roi Charles III le Simple, en captivité depuis 6 ans au château de Péronne, y meurt5 et y est inhumé, dans l’église St-Fursy.
En 1435, Charles VII cède à Philippe le Bon, duc de Bourgogne, les villes de Péronne, Roye et Montdidier6.
En 1468, Louis XI est retenu prisonnier dans le château de Péronne par Charles le Téméraire, le célèbre duc de Bourgogne, dans le but d’extorquer au roi de France un traité désavantageux et de le faire participer à une campagne contre la ville de Liège, mais Louis XI dénoncera ce traité deux ans plus tard.
Dans la deuxième moitié du xve siècle, les villes de Nesle et Roye sont le théâtre d’affrontements répétés entre Louis XI et les Bourguignons, ainsi que Montdidier que ces derniers incendient7.
Époque moderne
Dans la première moitié du xvie siècle, si Péronne réussit à résister au siège de l’armée de Charles Quint menée par le comte de Nassau, prince d’Orange, Nesle et Roye sont cette fois incendiées à leur tour8.
En 1576, Jacques d’Humières, gouverneur de Péronne, refuse de remettre la ville aux protestants et, avec l’appui de seigneurs des environs (selon un manifeste qu’ils préparent en commun au château d’Happlaincourt et qu’ils signent ensuite à Péronne en ), lance un appel aux princes et prélats du royaume, afin de rétablir la religion catholique et « l’obéissance de Sa Majesté » : il s’agit de l’acte de création de la première Ligue, ou Sainte Ligue, aussi appelée Ligue Catholique). Le château d’Happlaincourt, en ruines depuis la Première Guerre mondiale, est situé sur la commune de Villers-Carbonnel, en bordure du Canal du Nord de nos jours, aux confins de la commune de Brie.
En 1641, et ce depuis 1524, la seigneurie puis principauté (en 1612) de Monaco est soumise à l’Espagne (cette dernière étant en guerre contre la France depuis 1635) mais souhaiterait revenir dans le camp français. Pour favoriser cette sécession, le cardinal de Richelieu, en résidence à Péronne, élabore le le traité de Péronne faisant de Monaco une principauté sous protectorat français et, avec l’accord de Louis XIII, le fait remettre à Honoré II Grimaldi. Honoré II le lui retourne dûment revêtu de son accord, devenant de la sorte le premier prince souverain de Monaco sous protectorat français.
Époque contemporaine
Après la Révolution, au tout début du xixe siècle, le célèbre bagnard devenu chef de la Sûreté, Vidocq, réside le temps d’une enquête près de Rosières pour arrêter à Berny le une bande de « chauffeurs » qui sévissent dans le Santerre en torturant leurs victimes, des « voyageurs au long cours », sinon des personnes quelque peu fortunées des environs, pour leur extorquer leurs économies et souvent les assassiner ensuite. Cette bande est menée par la « Louve de »Rainecourt, une certaine Prudence Pezé, native d’Harbonnières, tenant une auberge sur la commune de Rainecourt, près de la chaussée Brunehaut, actuelle D1029 (ex-RN29, voie rectiligne assurant la liaison entre Amiens et Saint-Quentin). C’est en général, après s’être arrêtés à l’auberge, que les voyageurs sont suivis puis détroussés. Après un procès à Amiens, la Louve et deux de ses complices sont guillotinés le à Rosières-en-Santerre en un endroit situé à la croisée de chemins de terre, formant une petite place, et ce lieu en a gardé le nom de « Guillotine » ; il se trouve entre les communes de Rosières et Vrély et un calvaire y a été installé depuis. Une autre bande de « chauffeurs » est exécutée au même endroit et de la même manière le .
En 1846, le futur empereur des Français et neveu de Napoléon Ier, Louis-Napoléon Bonaparte, incarcéré depuis 1840 pour cause de tentative de putsch bonapartiste, parvient à s’échapper du fort de Ham, déguisé en maçon et portant une échelle.
En 1865, la ligne de chemin de fer Amiens-Tergnier-Laon, qui dessert les bourgades de Rosières-en-Santerre, Chaulnes, Nesle et Ham, est mise en service.
Première Guerre mondiale
La bataille de la Somme déclenchée le par un assaut conjoint des troupes britanniques et françaises notamment dans le Santerre, est la plus grande et la plus sanglante des batailles de l’histoire après l’opération Barbarossa — attaque de l’URSS en rompant le pacte de non-agression entre les alliés de l’époque, Hitler et Staline — et l’offensive Broussilov (attaque russe contre l’empire austro-hongrois en Ukraine en 1916) : la bataille de la Somme s’achève le avec un bilan de plus de 430 000 morts et de plus d’un million de victimes en tout, essentiellement britanniques, allemandes et françaises.
D’autres combats importants se déroulent sur ce sol durant l’année 1918 jusqu’à la fin des hostilités le , avec notamment un appui important du contingent australien (parmi les troupes britanniques, canadiennes, américaines et françaises), lequel contingent australien participe de façon déterminante au dégagement d’Amiens en contre-attaquant à partir de Villers-Bretonneux. Il libère ensuite la ville de Péronne (et la zone entre Péronne et Lihons) et achève son avancée9 dans les lignes allemandes (« ligne Hindenburg ») au nord-est de Saint-Quentin dans l’Aisne.
Placé au cœur des combats meurtriers durant toutes ces années, le Santerre a vu ses villes et villages rasés, ses terres fertiles et ses forêts labourées pas des millions d’obus, ses archives anciennes brûlées lors de l’incendie de Péronne.
Entre-deux-guerres
La paix revenue, le temps de la reconstruction nécessaire arrive, des bâtiments faits de briques rouges s’élèvent en remplacement des maisons et fermes de jadis — qui étaient pour partie en charpente et paillis — en même temps qu’est aménagée la multitude de cimetières militaires peuplés au total de centaines de milliers de croix ou stèles blanches — respectivement pour les soldats français ou de l’Empire britannique, les « tombes de guerre du Commonwealth » — ou encore de croix grises ou noires — pour les soldats allemands — au milieu des champs progressivement remis en culture, après les indispensables opérations de terrassement et aplanissement.
Seconde Guerre mondiale
Lors de l’offensive allemande le , le 22e régiment de marche de volontaires étrangers (22RMVE ou parfois 22REMVE avec un « E » supplémentaire pour « engagés ») reçoit pour mission de protéger les boucles de la Somme, au sud de Péronne. Du au , pendant l’offensive sur Berny-en-Santerre et Villers-Carbonnel, le régiment résiste bien, mais éprouvé par de lourdes pertes, le 22 RMVE s’installe sur une ligne de défense Fresnes-Mazancourt, Misery et Marchélepot. Le , les Allemands lancent une attaque massive. Encerclé, bombardé, le 22 RMVE résiste à toutes les attaques, les bataillons tombent les uns après les autres, ses hommes terminent le combat au corps à corps à Marchélepot, refusant les offres de reddition. Deux mille hommes sont hors de combat. Le courage et la bravoure des engagés volontaires n’ont pas été inutiles.
Le chef des troupes allemandes a déclaré au commandant Hermann, chef de corps : « Vous vous êtes magnifiquement défendus, vous nous avez causé beaucoup de pertes, vous avez retardé notre marche et vous nous avez forcé à utiliser des renforts que nous n’avions pas l’intention de mettre en ligne contre vous ».
Deux monuments aux morts sont dédiés au 22e régiment de marche de volontaires étrangers : l’un à Fresnes-Mazancourt, l’autre à Marchélepot.